Qu’est-ce qui t’a amené à écrire ce recueil, les porcelaines ?
Je venais d’achever Gibiers de potence et je voulais changer d’univers, de versant. J’ai tourné un moment autour de cette idée de portraits. J’ai rassemblé les notes que j’avais là-dessus. Je voulais poser un éclairage différent sur quelques-uns de mes congénères un peu hors du commun. Le regard que l’on porte sur les gens qu’on croise – et qu’on croit parfois connaître – dépend à la fois de l’angle qu’on veut bien lui donner et de la lumière qu’on y consacre. Ce que je me suis efforcé de faire, c’est en quelque sorte de vivre au milieu d’eux, pour les comprendre sans les juger. Je ne sais pas si j’ai réussi ni même pourquoi je me suis lancé dans cette affaire. Ce que je sais, c’est qu’une fois ces portraits commencés, j’ai – comme pour la rédaction de Divines Antilopes – mis tout le reste entre parenthèse.
De laquelle de ces Porcelaines te sens-tu le plus proche ?
Je ne suis pas certain que je puisse me dire proche d’une de ces porcelaines, dans la mesure où aucune n’est un autoportrait (même s’il y a un peu de moi dans chacune) En revanche, j’ai une tendresse pour Un roi sur sa terrasse, parce que c’est la première que j’ai terminée, celle qui a tout déclenché, et qu’il me semblait au moment où je l’écrivais qu’elle ne serait jamais publiée. Le chemin qu’elle a fait depuis me comble.
L’ensemble est-il constitué avant tout de rencontres réelles ou imaginaires ?
Des rencontres réelles, mélangées et romancées. Mais si les personnages décrits ici sont parfois le résultat d’assemblages, de petits arrangements, leur vérité, le message qu’ils transportent est celui que j’ai reçu, celui qu’ils m’ont transmis.
Est-ce qu’un portrait t’a donné « plus de fil à retordre » lors de l’écriture ?
Sotto Voce, peut-être, du point de vue de l’écriture, parce que je tenais à ce que les nuances des personnages soient tout à fait palpables. Deux autres porcelaines, Un roi sur sa terrasse et Revenir de si loin, ont été à leur manière des moments importants, pour les émotions qu’elles réveillaient et dont il a bien fallu s’accommoder…
Es-tu un grand lecteur ?
Je crois qu’on peut dire ça. Je n’ai pas reçu d’éducation littéraire, je suis autodidacte et il m’a fallu rattraper un grand retard (qui n’est d’ailleurs pas comblé) J’ai lu et je lis beaucoup. Souvent plusieurs livres en même temps. Je relis aussi régulièrement. Je ne fais désormais confiance qu’à mon plaisir : je ne vais jamais au bout d’un livre qui m’ennuie.
Y a-t-il une œuvre qui ne quitte jamais ta table de chevet ?
Deux, en fait. Noé, de Giono (je ne pars de toute façon nulle part sans un livre de Giono pour me tenir compagnie. C’est comme d’écouter Mozart). Et Baby Boom de Jean Vautrin, le meilleur recueil de nouvelles que je connaisse.
Ton dernier coup de cœur littéraire ?
Mettons ça au pluriel. Surtout pas de copinage là-dedans mais j’ai vraiment aimé les recueils de Sylvette Heurtel (Les contes déraisonnables), de Gaëlle Pingault (Ce qui nous lie) et de Sylvie Dubin (selon elles). J’ajoute Les carnets cubains de Philippe Claudel, Les Oliviers du Négus de Laurent Gaudé, La gare levantine de Philippe Veyrunes, les inégalables nouvelles de John Cheever …
Merci Alain pour ce cadeau offert à tes lecteurs et à tous ceux qui ne te connaissent
pas encore.