Ce poème m'est revenu en mémoire ces derniers temps. Je suis certaine que vous le connaissez tous, il appartient à ces textes qui vous replonge dans les années "collège" et les premiers émois à la lecture de grands textes. Ce fut mon cas. Je le conseille aux rares qui ne le connaissent pas et je le recommande aux allergiques à la poésie (eh, oui, il y en a... LOL) car il se lit comme un texte en prose et la chute est digne des plus grandes nouvelles...
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.