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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 20:03

Voici ma contribution au jeu d'écriture n°92 du forum Maux d'auteurs que je fréquente très souvent (les deux phrases en gras étaient imposées) :

 

On était à la fin du mois d'août. Je n'avais pas très chaud au cœur. Un froid insidieux me glaçait même le dos pendant que Léa s’activait, sans un mot d’explication, entre sacs et caisses. Une fine sueur perlait à son front soucieux.   

Je n’avais jamais goûté les changements, notamment les départs en vacances. Je craignais toujours qu’elle m’oubliât dans quelque parc ou plage inconnue et lointaine, après en avoir séduit un autre avec qui elle partirait jouer les héroïnes de carnaval.

Affalé sur le vieux fauteuil de mousse vert, impuissant, je broyais du noir tandis que mes prunelles suivaient ses gestes, talonnaient ses pas. Les brides dénouées de ses sandales battaient la mesure menaçant de la faire chuter à chaque instant. Ses couettes rousses voletaient gracieusement au-dessus de ses épaules lui donnant un air enfantin qui tranchait avec les traits de son visage, figés et durs. Sa robe légère enveloppait sa silhouette effilée. Elle avait peint de vernis nacré ses ongles rongés.

Léa était toute ma vie. Chaque jour, je me montrais prévenant, tendre et drôle avec cette princesse au teint de porcelaine. Elle me contait tout et riait de mes facéties, de ma gaucherie. Même blessé, je pardonnais sa mauvaise foi.

Je ne vivais que pour ses mots doux chuchotés à l’oreille, ses caresses, la chaleur de son corps. Les jours de tristesse, je séchais ses larmes une à une.

Peut-être me reprochait-elle de ne pas l’avoir vue vieillir ? De rester un compagnon insouciant malgré mon corps usé par le temps ?

Peut-être ne ressentait-elle plus de sentiments à mon égard ?

Quantité d’hypothèses absurdes se bousculaient dans ma tête pendant que la belle et douce Léa vidait notre univers faisant fi de mes appels.

Je pleurais chacune des affaires qui disparaissaient au fond des cartons : son casque de vélo qui lui avait sauvé la vie plus d’une fois lors de nos folles escapades sur le sentier des douaniers longeant la côte d’Émeraude ; la vaisselle en porcelaine ébréchée, offerte par grand-mère, dans laquelle nous buvions le thé en compagnie de ses amies… Je ne comptais plus le nombre de souvenirs qu’elle entassait ainsi pêle-mêle vers une destination inconnue.

Pourquoi ?

Alors que les étagères de l’armoire étaient quasiment débarrassées de ses effets personnels, la bibliothèque vidée du tiers des livres et les coffres dépouillés de leurs trésors, elle daigna m’accorder un zeste d’attention.

Soudain, ses prunelles bleues se noyèrent dans un chagrin devenu trop grand. Sa main m’effleura, me saisit, me pressa contre son cœur. Blotti, je n’osai bouger, tremblant même à l’idée de commettre une imprudence, de rompre ce moment de tendresse, d’adieu. Ses lèvres humides et salées m’embrassèrent longuement.

Je t’aime Léa.

Je veux rester près de toi, admirer ton profil, respirer ton odeur, être celui à qui tu confies secrets et peurs. 

Dans quelques jours, m’annonça-t-elle d’une voix cassée, c’est la rentrée des classes. Je vais aller au collège. Maman dit que je suis une grande et que je dois me débarrasser des jouets. Mais comment vais-je faire sans toi ?

Un doudou n’est pas un jouet ! Garde-moi ! N’écoute pas les adultes ! Cache-moi sous l’oreiller !

…Léa, m’entends-tu ?

L’adolescente fit un pas vers un carton entrouvert dans lequel patientaient Mia la poupée borgne, Théo le poupon unijambiste et des cahiers de coloriage. Son bras se déplia me suspendant au-dessus du contenant mais elle se ravisa, m’adressa un sourire complice et me glissa sous l’édredon.  

 

 

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 11:05

loup-y-es-tu

 

 

 

Les habitués de ce blog ont déjà croisé le nom de François Aussanaire, auteur dont j'apprécie le cynisme et l'humour. Aujourd'hui je profite de sa dernière publication pour mettre en avant son texte et la collection "Côté court" de l'éditeur Jacques Flament. Un format court qui propose de longues nouvelles ou de très courts romans pour un prix modique. Des livres  qui rencontrent un franc succès, qui se glissent dans tous les sacs et poches et se commandent à l'adresse notée en bas de l'article.

 

Passons maintenant à la novella que nous propose François Aussanaire : l'histoire est cocasse et malmène nos préjugés habilement. Les personnages, hauts en couleur, empreintent à la caricature tout en demeurant crédibles. Bref, j’ai aimé cette satyre de notre société qui nous emmène à la rencontre d'un loup qui rôde et réveille des peurs ancestrales, mais est-il bien le démon que tous imaginent ? Peut-on toujours se fier à une ombre ? Je n'ose trop en dire de peur de trahir les ficelles et la chute mises en place par l'auteur... Alors voici ci-dessous un extrait :

 

Le petit homme, rougeaud et râblé, la peau tannée par la pluie et le vent, trépignait dans le hall de la gendarmerie. Un pantalon de grosse toile rentré dans des bottes de cuir, une chemise rouge et noire à carreaux sous une veste kaki ouverte, les manches relevées à la moitié des avant-bras lui auraient presque donné l’air d’un trappeur canadien, s’il ne s’était trouvé dans un gros bourg perdu en Centre-Bretagne, où les képis bleus remplaçaient les tuniques rouges de la police montée. 
À force d’attente et d’énervement, et du fait de la chaleur des lieux, il suait à grosses gouttes.
Le gendarme s’adressa à nouveau à lui.
— Bien, reprenons, si vous le voulez bien. Vos nom, prénom et profession, s’il vous plaît.
Ce fut la phrase de trop pour ce qui lui restait de patience. (…)

 

 


Envie de poursuivre la lecture ? C'est par ici... http://www.jacquesflament-editions.com

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 19:38

OC - Couv. recto

 

Résumé : Qui est cet homme amnésique que l’on retrouve errant sur une plage ? Que cherche-t-il à cacher ? Que fuit-il ? Pourquoi personne ne semble s’inquiéter de cette disparition ? Et surtout, pourquoi est-il couvert de bleus ? A-t-il un lien avec le groupe d’archéologues venus fouiller dans les dunes et que la population ne voit pas d’un très bon œil ? Pour Greg, Damien, Jean-Charles et Cécilia, l’affaire est sérieuse. Très vite, les quatre jeunes vont se lancer dans une enquête passionnante, dangereuse et aux nombreux rebondissements. Une enquête dans laquelle, ils ne devront faire confiance en personne. Parviendront-ils à résoudre l’énigme de L’or des Celtes ?

 

 

 

Ma critique : La littérature jeunesse est si florissante qu'il est souvent difficile de s'y retrouver, de savoir quoi offrir à nos enfants... C'est pourquoi j'aime partager avec vous mes trouvailleset que je vous propose aujourd'hui cet excellent archéo-polar parfait pour les plus de neuf ans ! La maman que je suis et dévoreuse d'ouvrages avoue avoir pris plaisir à suivre ces héros en herbe passionnés, curieux et malins. Les premières pages m’ont fait penser aux livres du Club des cinq et consorts que j’appréciais enfant, mais au fil de la lecture j’ai découvert une histoire plus mâture, une intrigue bien pensée et bien menée, un style abouti. Au final, ce roman-ci se révèle être largement meilleur ! Je le conseille à tous les jeunes qui recherchent les romans à suspens, qui aiment la science et plus particulièrement l’Histoire. En plus, je viens d’apprendre qu’un autre volet de cette nouvelle série devrait bientôt être publié, à suivre… aux éditions Morrigane.

 

 

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 11:15

nothomb

 

RESUME DE L'HISTOIRE :

 

La solitude à deux, tel était le rêve d'Emile et de Juliette. Une maison au fond des bois pour y finir leurs jours, l'un près de l'autre.Etrangement, cette parfaite thébaïde comportait un voisin. Un nommé Palamède Bernardin, qui d'abord est venu se présenter, puis a pris l'habitude de s'incruster chez eux chaque après-midi, de quatre à six heures. Sans dire un mot, ou presque. Et cette présence absurde va peu à peu devenir plus dérangeante pour le couple que toutes les foules du monde?

 

MA CRITIQUE :

 

Depuis longtemps, je tournais autour de quelques titres d’Amélie Nothomb, sans me décider et puis… après avoir lu un article dans le magazine Lire, je me suis décidée pour ce titre : Les Catilinaires.

Et bien… J’ai beaucoup aimé ! J’ai trouvé que ce court et noir roman avait le charme d’une novella. Je pense que cela vient du genre d’histoire et de sa façon concise, ciselée et pimentée qu’elle a décrire et d'écrire lieu, personnages et faits. La fin aussi fait penser à une chute de nouvelle. Le style de l’auteur est agréable, fluide et pimenté de-ci de-là de remarques pertinentes qui dérident à chaque fois le lecteur, le retiennent, lui ouvrent l’appétit. Quant à ce Palamède Bernardin qui hante les pages, il vous rappellera sans doute, plus ou moins, un voisin ou une connaissance, même si Nothomb pousse la caricature assez loin. On ne peut s’empêcher de se glisser dans la peau de ce couple de retraités venus chercher la solitude et sur qui s’abat ce lourd fardeau, cet unique voisin assommant par ses silences, omniprésent et dont l’épouse pachydermique laisse pantois.

Bref, filez découvrir, si ne n’est déjà fait, ce livre paru depuis en poche, qui vous fera passer un doux et amusant moment.   

 

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 17:37

 

Couv-Ouragan---copie

 

 

RESUME : Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1987, sur l’ouest de la France, s’abat une tempête d’une violence inouïe. Parmi les victimes, les deux occupants d’un voilier envoyé par le fond, Antoine Lartigue et sa compagne, Elisabeth Coste. Vingt-cinq ans plus tard, le père de la jeune fille découvre qu’elle n’a peut-être pas perdu la vie dans ce naufrage. Il n’aura dès lors qu’une idée en tête : retrouver sa fille et rétablir la vérité.

 

Commence alors, à travers la Bretagne, du Golfe du Morbihan jusqu’à Concarneau, une quête éperdue qui entraînera Coste plus loin, beaucoup plus loin qu’il ne l’imaginait…

 

MA CRITIQUE : J’ai déjà présenté ici Alain Emery en tant que nouvelliste, aujourd’hui c’est le romancier que je souhaite de mettre à l’honneur.


 Il vient de faire naître un nouveau héros, Coste, et je me suis faufilée avec plaisir entre les mots qui traçaient l’histoire de cet homme. Un père à l'épaisse carcasse que le temps a fissuré, accompagné dans son périple par l’Apache qui le seconde dans son haras breton et assume le rôle de confident, de complice, tel un fils. Ce duo est épaulé par un détective privé aux méthodes particulières et par plusieurs rencontres qui viendront enrichir et soutenir leur quête jusqu'à la découverte de la vérité sur la disparition de la fille de Coste.


Sans découragement, les personnages s'accrochent à leur quête au fil du texte. La peur, l'angoisse étreignent le lecteur ; le suspens le retient. J’ai apprécié l'atmosphère éprouvante, étouffante dont je ne pouvais ensuite m'extraire. J'ai goûté une fois de plus ce style inimitable qui brosse personnages, lieux et ambiances d'une façon unique, sans sensiblerie.

 

Tout sonne juste, tout est bien dosé.


Commencer ce roman très noir, c'est ne plus le lâcher, c'est être happé par un souffle et ne pas vouloir perdre de vue ce bonhomme au profil d'ours, aux manières parfois rudes, aux silences chargés de sens, et si attachant... Et puis, on veut savoir ce qu'est devenue la petiote même si on pressent un destin tragique ! Voilà pourquoi on ne lit pas ce roman, on le dévore ligne après ligne.

Un livre, paru aux éditions Ouest et Compagnie, que je vous recommande donc vivement.

Ensuite, faites un tour du côté des autres romans d'Alain Emery parus aux éditions Astoure, de ses recueils de nouvelles édités chez  La Tour d'Oysel et plus récemment chez Jacques Flament.

Et repassez donner votre avis, si cela vous dit...

 

 

 

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 15:38

 

 

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Quatrième de couverture :


 

Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état.


 

AVIS :

 

Une quatrième de couverture brève pour un roman court et dense qui tient ses promesses. Jean Echenoz possède une qualité rare : celle de nous emmener sur des terres connues et de réussir à nous les faire redécouvrir. A partir d'une histoire banale, par petites touches de suspens, par d'infimes trouvailles, il permet au lecteur de se laisser agréablement porter jusqu'à la chute. L’histoire est sans temps morts, jamais on ne décroche, jamais on ne s'ennuie. Les personnages sont attachants, les anecdotes connues et pourtant les pages se tournent tranquillement jusqu'à la dernière. Si vous avez envie de lire pour vous reposer des fêtes sans avoir le courage d'opter pour « un pavé » de 800 pages, je vous conseille ce roman, paru aux éditons de Minuit, qui ne vous fera pas perdre votre temps et vous offrira un moment de détente mérité.

 

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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 20:24

le-dernier-refuge-des-gens-de-mer

 

Je suis ravie d'échanger aujourd'hui avec un ami et auteur de talent, François Aussanaire. Nouvelliste aux multiples prix, il a publié cet automne son premier roman, Le dernier refuge des gens de mer, aux éditions Jacques Flament.

 

Dans ce court roman, François narre avec une pointe d'ironie l'histoire d'un serial killer qui sévit dans un hospice où la principale occupation est de s'ennuyer. Sous sa plume acide et tendre (car on sent qu'il a de l'empathie pour ses personnages), l'auteur prend possession de cet univers confiné, antichambre de la mort pour en faire le théâtre d'actions drôles et tragiques. Le lieu s'anime, une enquête est menée tambour battant et nous la suivons avec intérêt aux côtés d'un ancien marin dont l'avis tranché sur la vie et sur ses congénères égaye ces pages même dans les moments les plus durs. Ce vieux loup de mer nous entraîne avec lui dans cette ultime aventure au suspens terrible. Nous marchons côte à côte, chutons sur un nombre incroyable de décès, assistons à des retournements de situations vraiment inattendus. L'intrigue est tissée avec minutie de la première à la dernière page, le rythme est soutenu et les jeux de mots irrésistibles. Ce roman est à lire sans attendre et à relire sans modération.

 

Quatrième de couverture :

 

 

(...) Alors, pour que personne ne l'oublie, et surtout pas nous, ils ont écrit Le dernier refuge des gens de mer, en grosses lettres genre faux cuivre, du laiton probablement, sur le fronton de l'hospice.
C'est là que la Sécu des inscrits maritimes parque tous ceux de l'île, mais aussi pas mal d'autres venus du continent, qui ne peuvent pas s'offrir mieux. Ceux qui n'ont pas eu la chance de périr en mer et qui restent échoués au milieu des champs.
Comme ce foutu chalutier.
Les marins sont comme leurs bateaux, tant qu'ils sont en bon état, c'est pittoresque, ça attire le touriste. Mais dès qu'ils commencent à ne plus être trop vaillants, ça devient repoussant, limite sinistre. Alors, on les cache. (...)

 

Une maison de retraite au cœur d'une île de l'Atlantique.
De vieux marins échoués là, presque oubliés, y survivent tristement, s'y engueulent copieusement et y meurent trop fréquemment. Pourtant, chaque décès apporte un regain d'énergie aux survivants.
La mort comme un coup de jeune !
Un lieu et un ton atypiques pour un roman au cynisme réjouissant.

 

Interview de l'auteur qui a gentiment accepté de se prêter au jeu des questions réponses :

 

 

- Comment t'es venue l'idée de transformer la nouvelle, Horn (publiée dans le recueil, Mortes eaux, éditions Nouvelles Paroles, 2009) en cet excellent roman à la Audiard ?

Comme je le dis en ouverture du livre, c’est, un peu, parce que quelques irresponsables m’en ont donné l’idée, et, beaucoup, pour me tester sur un format plus long que d’habitude. J’ai retenu cette nouvelle, car elle avait bien marché et que, semble-t-il, le contenu s’y prêtait. Sans doute aussi d’un point de vue sentimental (je sais, ça peut surprendre de ma part !) parce qu’elle a été ma première nouvelle primée. On garde toute sa vie une tendresse particulière pour le premier de ses rejetons.

 

 

- Écrire un roman est un exercice de style très différent de celui de la nouvelle (rythme, canevas de l'intrigue...). Pour cette première expérience, quel obstacle fut le plus difficile à franchir ?

 

Ma véritable hantise sur ce projet était de trop délayer les situations et finalement de ne rien apporter d’autre par rapport à la nouvelle originelle. Je souhaitais absolument garder le rythme et en faire un roman qui se lise d’une traite… comme une nouvelle donc. Je sais, c’est un peu obscur comme concept ! Il me fallait introduire d’autres personnages (la directrice notamment), en étoffer d’autres, tout en gardant du début à la fin ce même ton : mon fameux « cynisme réjouissant » dont je suis si fier.

Finalement, comme le roman est assez court, j’ai l’impression que ça a plutôt fonctionné. En tout cas, le résultat correspond à ce que je souhaitais faire.

 

 

 

-  Travailles-tu à partir d'un plan détaillé ou pars-tu d'une simple idée directrice qui s'étoffe au fil des pages ?

 

Sur ce roman, c’était assez facile, car j’avais la trame de la nouvelle, que j’ai respectée assez largement. Comme je reviens de nombreuses fois sur ce que j’écris, par rajouts successifs, ça s’étoffe ainsi progressivement.

 

 

- As-tu déjà connu le syndrome de la page blanche ?

 

Non, car je ne me mets devant ma feuille (hé oui, j’écris encore à l’ancienne, stylo et papier ; ça vient plus naturellement que sur le micro) que quand les idées et même une bonne partie du texte sont déjà solidement ancrées dans ma pauvre tête. Par contre, j’ai beaucoup plus le syndrome de la nuit blanche, à savoir que tant qu’une histoire n’est pas arrivée sur la feuille, elle peut me pourrir mes nuits. Par contre dès qu’elle est écrite, elle disparaît et je peux passer à autre chose et éventuellement dormir.

 

 

- Quels sont tes prochains projets d'écriture ?

 

J’ai déjà une longue nouvelle qui sort chez Flament en janvier, dans la collection « Coté court », sur la confrontation de l’univers circassien et du monde rural. Je commence tout juste un projet de roman situé à Ouessant. On verra bien si je vais au bout. J’espère aussi pouvoir finir un recueil de nouvelles exclusivement maritimes (7 sont déjà écrites) ; et je cogite un projet qui me tiens à cœur : un recueil de nouvelles écrites en alternance par moi et quelqu’un qui m’est proche. Mais ça, c’est une autre histoire !

 

 

- Une dernière question, histoire de visiter ton univers : si tu partais sur une île déserte, quels livres emporterais-tu ?

 

Il me faudrait certainement une malle (de marine bien sûr !) pour tout y mettre et notamment : tout Steinbeck, Calme blanc de Charles Williams, 1275 âmes de Thomson, Malevil et quelques autres  de Robert Merle, des nouvelles de Stevenson et d’Hémingway, des romans de Chamoiseau, ceux d’Hugo Verlhomme, même si ça a pas mal vieilli (nostalgie, nostalgie !) et des nouvelles de Pouy, Raynal et Villard, sans oublier quelques Jules Verne… et beaucoup d’autres.

 

 

Merci François

 

 

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 18:50

Ce magnifique poème m'est revenu en mémoire ces derniers jours et j'avais envie de le partager ici. Certains se souviendront sans doute que Jean Ferrat le chantait très bien. Sa voix vous reviendra alors au fil des mots que vous lirez :

 

AIMER A PERDRE LA RAISON

Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison

Ah c'est toujours toi que l'on blesse
C est toujours ton miroir brisé
Mon pauvre bonheur, ma faiblesse
Toi qu'on insulte et qu'on délaisse
Dans toute chair martyrisée

Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison

La faim, la fatigue et le froid
Toutes les misères du monde
C'est par mon amour que j'y crois
En elle je porte ma croix
Et de leurs nuits ma nuit se fonde

Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer a perdre la raison

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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 20:49

Le forum Maux d'auteurs, auquel je participe régulièrement, propose des jeux d'écriture qu'il est possible de faire par équipe. J'ai donc partagé l'idée soufflée par Canardo et aligné mes mots aux siens pour créer ce petit texte sans prétention que nous avait inspiré "Le désespéré" de Courbet.

 

  courbet

 

SKRIK

 

1893 Chritiana

 

Jamais il n'aurait dû errer dans les dédales de Montmartre ou promener son regard sur les quais de la Seine. Quelle folie que de damer de ses pieds, les pavés de cette ville où la lumière se confondait avec l’art !

 

Les rues de Paris n’étaient que dangers, les lames tranchaient les gorges pour des bourses désespérément vides, mais Edward s’en moquait. Un autre péril retenait son attention : les peintres. Notamment les impressionnistes qui imposaient leur vision de la vie, de l'amour, de la mort. Ils maîtrisaient leur art et jouaient avec la palette des sentiments et des sensations.

 

À son retour en Norvège, le jeune homme était parvenu à prendre de la distance avec ces artistes dépravés et bonimenteurs. Seule une toile pervertissait encore son esprit. Malgré ses efforts, le Désespéré, signé par le maître des réalistes, s’était infiltré en son corps, lui avait volé son âme avant de l’entraîner vers le néant. Pour le vaincre, Edward voulait révéler le secret caché sous cette huile. Il ne connaissait qu’une seule méthode pour ôter le masque que Courbet s’était peint : tracer sur une toile son propre effroi. Edward devait réagir avant que ce jeune narcissique aux yeux fous ne l’attirât dans un nouvel accès de démence.

 

Déambulant dans les rues de Christiana et butant dans les mottes de neige printanières, il entrevoyait petit à petit les courbes et les longues lignes qui dompteraient ses aspirations. Celui qui allait devenir le maître de l’expressionnisme allemand tordait ses méninges comme il tordait ses pinceaux, il sondait du pied l’épaisseur blanche comme il sondait la profondeur noire de son âme. Courbet, le réveillait la nuit, son Désespéré le hantait le jour. Par instants, le dépit le saisissait. Edward s’imaginait revenir à Paris pour brûler ou lacérer à l’aide d’un couteau de boucher cet être immonde aux pouvoirs surnaturels. Sa vie ne serait pas celle de Dorian Gray. Horrifiés par un tel geste, les gens crieraient leur colère devant pareil acte. En guise de châtiment, peut-être fallait-il se contenter de lui crever les yeux ? La réalité avait fini par le rattraper, ses faibles économies ne lui permettraient pas un nouveau retour en la capitale française. Un unique choix s’offrait à lui : peindre la même angoisse, sa propre angoisse.

 

Dès que la lumière du jour éclaira suffisamment son atelier, il se mit à l’œuvre. Posée sur le chevalet, la toile guettait l’artiste enfiévré, ses outils placés en désordre sur une petite table attendaient la main nerveuse tandis que sur sa palette, les bleus et les rouges s’illuminaient sous un pâle rayon de soleil. Tout se passa très vite, convulsivement à partir d’un point de fuite. Sur un pont enjambant un fjord, entre couleurs de feu et de terre émergea une silhouette terrifiée. Dépourvue d’artifices, elle se fit homme et projeta en un hurlement infini toutes les peurs de l’humanité : la maladie, la mort, l’enfer. Le regard fantomatique et les formes tortueuses affichaient leur volonté d’emprisonner le spectateur dans un vertige abyssal. La délivrance s’achevait. Le Désespéré n’était plus perdu dans ses tourments et ne le repoussait plus, non, maintenant, il l’aimantait pour mieux l’emporter dans sa chute. L’autoportrait de Courbet venait d’enfanter Skrik de Munch.

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 11:32

image goélands

 

 

Extrait de la 4ème de couverture :

Comment résumer plus de vingt nouvelles ? Peut-être en tentant de les décortiquer un peu pour dégager de grands thèmes comme la blessure jamais complètement refermée de la seconde guerre mondiale, la mort omniprésente, la mer-toile de fond ou personnage à part entière de certaines histoires, la chasse, l'amour, bien sûr, mais encore la solide certitude - qui anime bien des gens - que l'on sait même lorsqu'on ne sait pas, les déconvenues qui guettent celui qui ne vit pas avec son temps, les classes sociales qui n'ont jamais fini de s'affronter, les difficultés que peut présenter la simple pose de papier peint sur les murs d'une chambre, la quête d'un méridien de Greenwich qui se dissimule dans l'herbe de grasses prairies où il prétend faire la pluie et le beau temps, un bon gros chien qui... Eh bien, non, n'en disons pas davantage à son sujet. Un mot de plus serait un mot de trop.
Cette méthode quasi chirurgicale est sans doute une piste possible, qui se brouillerait un peu lorsque ces thèmes s'ajoutent, se croisent, se mêlent. Mais, que l'on arpente les grèves à l'heure où la marée remonte, que l'on s'immerge en plein Pays d'Auge ou au creux de collines du Cotentin, que l'on se retrouve face à soi-même dans la galerie des glaces de tel casino de la côte normande ou face à un ennemi dans la tourmente de certaine longue nuit qui va se lever sur un jour bien plus long encore, ces télescopages façonnent des destins qui, à l'image de la vie, peuvent être cruels ou cocasses, pitoyables ou souriants mais toujours surprenants...

L’auteur :

Durant sa carrière d'enseignant en France et à l'étranger, Jean-Paul Lamy a toujours eu le goût de l'écriture qui l'a d'abord conduit à produire principalement des travaux pédagogiques. Ce n'est qu'à l'âge (plus que) de raison qu'il s'est adonné à plein-temps (ou presque) à cette passion. Contes, poèmes, chansons ont alors vu le jour mais aussi, et surtout, des nouvelles " d'ici ou d'ailleurs ". Il a regroupé dans ce livre celles dont il situe l'action dans cette Normandie tant intemporelle que d'aujourd'hui où il est né et où il a grandi avant de la quitter pour revenir y vivre après vingt années d'infidélité.

 

MA CRITIQUE : Le lecteur passe agréablement d’une nouvelle à une autre, tantôt il sourit, tantôt il s’attriste, jamais ces destins rencontrés ne le laissent indifférent. Le style est fluide, l’auteur maîtrise son sujet et nous propose de visiter non pas la Normandie, mais d’aller à la rencontre de Normands à la vie douce parfois, amère souvent. Mes nouvelles préférées ? « Qui était Monsieur Buhot ? » pour sa finesse et son humour. « Le banc aux goélands » pour la sensibilité dont fait preuve Jean-Paul Lamy et les héros qui vous lient à leur histoire. Pour le suspens aussi. « Romulus le tyran » parce que j’ai cru sentir le besoin chez l’auteur de « se lâcher » après avoir été si sérieux (malgré quelques clins d’œil malicieux ici où là) ! Et pour finir, comment oublier les pots de confiture du Splendid Hôtel, la vendue et son voile de mystère, la déconvenue de Monsieur Patineau, l’étrange et malsaine « Vue plongeante », et… Finalement, il m’est difficile de choisir. Le mieux est que vous vous fassiez votre propre idée en lisant à votre tour « Le banc aux goélands » de Jean-Paul Lamy, paru aux éditions Cheminements.

 

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DEDICACES

- 2 juin 2013 à La Pierre (38)

- 7 juillet 2013 à St Pancrasse (38)

- 18 août 2013 à Allevard (38)

- 13 octobre 2013 à La Buissières (38)

 

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