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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 17:42

altea mundi

QUATRIEME DE COUVERTURE : La planète Kreas est mourante. Ses habitants cherchent désespérément un autre monde où s'installer. Ils se tournent vers la Terre mais les Terriens, arriérés et querelleurs, sont-ils prêts à accepter leur existence?? En secret, les Kréasiens contactent des enfants aux capacités hors-norme, les Recrutés.
Le petit Martin Bagel, huit ans, est une pièce essentielle dans le jeu de ces créatures gracieuses et inquiétantes. Une partie commence, qui entraînera l'enfant aux confins de la Voie Lactée.

 

CRITIQUE :  Jean Noël Lewandowski est un romancier, un poète et un peintre au talent certain et à l’imagination prolifique. Il n’en est plus à son coup d’essai puisque 9 de ses romans ont déjà été publiés ainsi qu’un recueil de poésie, sans compter les prix littéraires qu’il accumule depuis quelque temps. Il signe là le tome 1 d’une trilogie de science-fiction qui ne doit pas faire fuir les réfractaires à ce genre de littérature tant la trame de l’histoire est bien ficelée,  les personnages attachants et le style alerte. On sent que l’auteur a fait un important travail de réflexion et de documentation qui permet à ce roman de mettre en avant des aspects scientifiques et écologiques enrichissants et simples. C’est sans doute cet aspect du travail de l’auteur qui m’enthousiasme le plus, car cette histoire futuriste prend ainsi un tour très réaliste qui m’a permis (eh, oui, je ne lis que rarement ce genre de fiction) de passer d’agréables heures de lecture et m’a donné envie de vous en parler ici.

 

http://www.inoctavo-editions.com/

http://jean-noel-lewandowski.fr/

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 15:34

J'ai découvert cette nouvelle au cours de l'automne 2011, à ST Georges sur Loire, lors d'une remise de prix où le texte était joué avec talent :

 


Un tiède soleil d'automne tombait dans la cour de ferme, par-dessus les grands hêtres des fossés. Sous le gazon tondu par les vaches, la terre, imprégnée de pluie récente, était moite, enfonçait sous les pieds avec un bruit d'eau; et les pommiers chargés de pommes semaient leurs fruits d'un vert pâle, dans le vert foncé de l'herbage.
    Quatre jeunes génisses paissaient, attachées en ligne, meuglaient par moments vers la maison; les volailles mettaient un mouvement coloré sur le fumier, devant l'étable, et grattaient, remuaient, caquetaient, tandis que les deux coqs chantaient sans cesse, cherchaient des vers pour leurs poules qu'ils appelaient d'un gloussement vif.
    La barrière de bois s'ouvrit ; un homme entra, âgé de quarante ans peut-être, mais qui semblait vieux de soixante, ridé, tordu, marchant à grands pas lents, alourdis par le poids de lourds sabots plein de paille. Ses bras longs pendaient des deux côtés du corps. Quand il approcha de la ferme, un roquet jaune, attaché au pied d'un énorme poirier, à côté d'un baril qui lui servait de niche, remua la queue, puis se mit à japper en signe de joie. L'homme cria:
    - A bas, Finot !
    Le chien se tut.
    Une paysanne sortit de la maison. Son corps osseux, large et plat, se dessinait sous un caraco de laine qui serrait la taille. Une jupe grise, trop courte, tombait jusqu'à la moitié des jambes, cachées en des bas bleus, et elle portait aussi des sabots pleins de paille. Un bonnet blanc, devenu jaune, couvrait quelques cheveux collés au crâne, et sa figure brune, maigre, laide, édentée, montrait cette physionomie sauvage et brute qu'ont souvent les faces des paysans.
    L'homme demanda :
    - Comment qu'y va ?
    La femme répondit :
    - M'sieu le curé dit que c'est la fin, qu'il n' passera point la nuit.
    Ils entrèrent tous deux dans la maison.
    Après avoir traversé la cuisine, ils pénétrèrent dans la chambre, basse, noire, à peine éclairée par un carreau, devant lequel tombait une loque d'indienne normande.
    Les grosses poutres du plafond, brunies par le temps, noires et enfumées, traversaient la pièce de part en part, portant le mince plancher du grenier, où couraient, jour et nuit, des troupeaux de rats.
    Le sol de terre, bossué, humide, semblait gras, et, dans le fond de l'appartement, le lit faisait une tache vaguement blanche. Un bruit régulier, rauque, une respiration dure, râlante, sifflante, avec un gargouillement d'eau comme celui que fait une pompe brisée, partait de la couche enténébrée où agonisait un vieillard, le père de la paysanne.
    L'homme et la femme s'approchaient et regardèrent le moribond, de leur œil placide et résigné.
    Le gendre placide :
    - C'te fois, c'est fini ; i n'ira pas seulement à la nuit.
    La fermière reprit :
    - C'est d'puis midi qu'i gargote comme, ça.
    Puis ils se turent. Le père avait les yeux fermés, le visage couleur de terre, si sec qu'il semblait en bois. Sa bouche entrouverte laissait passer son souffle clapotant et dur ; et le drap de toile grise se soulevait sur sa poitrine à chaque aspiration.
    Le gendre, après un long silence, prononça:
    - Y a qu'à le quitter finir. J'y pouvons rien. Tout d' même c'est dérangeant pour les cossards, vul' temps qu'est bon, qu'il faut repiquer d'main.
    Sa femme parut inquiète à cette pensée. Elle réfléchit quelques instants, puis déclara:
    - Puisqu'i va passer, on l'enterrera pas avant samedi ; t'auras ben d'main pour les cossards.
    Le paysan méditait; il dit:
    - Oui, mais demain qui faudra qu'invite pour l'himunation, que j' nai ben pour cinq ou six heures à aller de Tourville à Manetot chez tout le monde.
    La femme, après avoir médité deux ou trois minutes, prononça:
    - I n'est seulement point trois heures, qu' tu pourrais commencer la tournée anuit et faire tout l' côté de Tourville. Tu peux ben dire qu'il a passé, puisqu'i n'en a pas quasiment pour la relevée.
    L'homme demeura quelques instants perplexe, pesant les conséquences et les avantages de l'idée. Enfin il déclara :
    - Tout d' même, j'y vas.
    Il allait sortir; il revint et, après une hésitation:
    - Pisque t'as point d'ouvrage, loche des pommes à cuire, et pis tu feras quatre douzaines de douillons pour ceux qui viendront à l'himunation, vu qu'i faudra se réconforter T'allumeras le four avec la bourrée qu'est sous l' hangar au pressoir. Elle est sèque.
    Et il sortit de la chambre, rentra dans la cuisine ouvrit le buffet, prit un pain de six livres, en coupa soigneusement une tranche, recueillit dans le creux de sa main les miettes tombées sur la tablette, et se les jeta dans la bouche pour ne n'en perdre. Puis il enleva avec la pointe de son couteau un peu de beurre salé au fond d'un pot de terre brune, I'étendit sur son pain, qu'il se mit à manger lentement, comme il faisait tout.
    Et il traversa la cour, apaisa le chien, qui se remettait à japper, sortit sur le chemin qui longeait son fossé, et s'éloigna dans la direction de Tourville.
    Restée seule, la femme se mit à la besogne. Elle découvrit la huche à la farine, et prépara la pâte aux douillons. Elle la pétrissait longuement, la tournant et la retournant, la maniant, i ‘écrasant, la broyant. Puis elle en fit une grosse boule d'un blanc jaune, qu'elle laissa sur le coin de la table.
    Alors elle alla chercher les pommes et, pour ne point blesser l'arbre avec la gaule, elle grimpa dedans au moyen d'un escabeau. Elle choisissait les fruits avec soin, pour ne prendre que les mûrs, et les entassait dans son tablier.
    Une voix l'appela du chemin :
    - Ohé, Madame Chicot !
    Elle se retourna. C'était un voisin, maître Osime Favet, le maire, qui s'en allait fumer ses terres, assis les jambes pendantes, sur le tombereau d'engrais. Elle se retourna, et répondit :
    - Qué qu'y a pour vot' service, maît' Osime ?
    - Et le pé, où qui n'en est ?
    Elle cria :
    - Il est quasiment passé. C'est samedi l'himunation, à sept heures, vu les cossards qui pressent.
    Le voisin répliqua :
    - Entendu. Bonne chance! Portez-vous bien.
    Elle répondit à sa politesse :
    - Merci, et vous d' même.
    Puis elle se remit à cueillir ses pommes.
    Aussitôt qu'elle fut rentrée, elle alla voir son père, s'attendant à le trouver mort. Mais dès la porte elle distingua son râle bruyant et monotone, et jugeant inutile d'approcher du lit pour ne point perdre de temps, elle commença à préparer les douillons.
    Elle enveloppait les fruits un à un, dans une mince feuille de pâte, puis les alignait au bord de la table.
    Quand elle eut fait quarante-huit boules, rangées par douzaines l'une devant l'autre, elle pensa à préparer le souper, et elle accrocha sur le feu sa marmite, pour faire cuire les pommes de terre; car elle avait réfléchi qu'il était inutile d'allumer le four, ce jour-là même, ayant encore le lendemain tout entier pour terminer les préparatifs.
    Son homme rentra vers cinq heures. Dès qu'il eut franchi le seuil, il demanda:
    - C'est-il fini ?
    - Point encore : ça gargouille toujours.
    Ils allèrent voir. Le vieux était absolument dans le même état. Son souffle rauque, régulier comme un mouvement d'horloge, ne s'était ni accéléré ni ralenti. Il revenait de seconde en seconde, variant un peu de ton, suivant que l'air entrait ou sortait de la poitrine.
    Son gendre le regarda, puis il dit :
    - I finira sans qu'on y pense, comme une chandelle.
    Ils rentrèrent dans la cuisine et, sans parler, se mirent à souper. Quand ils eurent avalé leur soupe, ils mangèrent encore une tartine de beurre, puis, aussitôt les assiettes lavées, rentrèrent dans la chambre de l'agonisant.
    La femme, tenant une petite lampe à mèche fumeuse, la promena devant le visage de son père. S'il n'avait pas respiré, on l'aurait cru mort assurément.
    Le lit des deux paysans était caché à l'autre bout de la chambre, dans une espèce d'enfoncement. Ils se couchèrent sans dire un mot, éteignirent la lumière, fermèrent les yeux; et bientôt deux ronflements inégaux, l'un plus profond, l'autre plus aigu, accompagnèrent le râle interrompu du mourant.
    Les rats couraient dans le grenier.
    Le mari s'éveilla dès les premières pâleurs du jour.
    Son beau-père vivait encore. Il secoua sa femme, inquiet de la résistance du vieux.
    - Dis donc, Phémie, i n' veut point finir. Qué qu' tu f'rais té?
    Il la savait de bon conseil.
    Elle répondit :
    - I n' passera point l' jour, pour sûr. N'y a point n'à craindre. Pour lors que l' maire n'opposera pas qu'on l'enterre tout de même demain, vu qu'on l'a fait pour maître Renard le pé, qu'a trépassé juste aux semences.
    Il fut convaincu par l'évidence du raisonnement; et il partit aux champs
    Sa femme fit cuire les douillons, puis accomplit toutes les besognes de la ferme.
    À midi, le vieux n'était point mort. Les gens de journée loués pour le repiquage des cossards vinrent en groupe considérer l'ancien qui tardait à s'en aller. Chacun dit son mot, puis ils repartirent dans les terres.
    À six heures, quand on rentra, le père respirait encore. Son gendre à la fin, s'effraya.
    - Qué qu' tu f'rais, à c'te heure, té, Phémie?
    Elle ne savait non plus que résoudre. On alla trouver le maire. Il promit qu'il fermerait les yeux et autoriserait l'enterrement le lendemain.
    L'officier de santé, qu'on alla voir, s'engagea aussi, pour obliger maître Chicot, à antidater le certificat de décès. L'homme et la femme rentrèrent tranquilles.
    Ils se couchèrent et s'endormirent comme la veille mêlant leurs souffles sonores au souffle plus faible du vieux.
    Quand ils s'éveillèrent, il n'était point mort.
    Alors, ils furent atterrés. Ils restaient debout, au chevet du père, le considérant avec méfiance, comme s'il avait voulu leur jouer un vilain tour, les tromper, les contrarier par plaisir, et ils lui en voulaient surtout du temps qu'il leur faisait perdre.
    Le gendre demanda :
    - Qué que j'allons faire?
    Elle n'en savait rien; elle répondit :
    - C'est-i contrariant, tout d' même !
    On ne pouvait maintenant prévenir tous les invités, qui allaient arriver sur l'heure. On résolut de les attendre, pour leur expliquer la chose.
    Vers sept heures moins dix, les premiers apparurent.
    Les femmes en noir, la tête couverte d'un grand voile, s'en venaient d'un air triste. Les hommes, gênés dans leur veste de drap, s'avançaient plus délibérément, deux par deux, en devisant des affaires.
    Maître Chicot et sa femme, effarés, les reçurent en se désolant, et tous deux, tout à coup, au même moment, en abordant le premier groupe, se mirent à pleurer. Ils expliquaient l'aventure, contaient leur embarras, offraient des chaises, se remuaient, s'excusaient voulaient prouver que tout le monde aurait fait comme eux, parlaient sans fin, devenus brusquement bavards à ne laisser personne leur répondre.
    Ils allaient de l'un à l'autre :
    - Je l'aurions point cru ; c'est point croyable qu'il aurait duré comme ça !
    Les invités interdits, un peu déçus, comme des gens qui manquent une cérémonie attendue, ne savaient que faire, demeuraient assis ou debout. Quelques-uns voulurent s'en aller. Maître Chicot les retint.
    - J'allons casser une croûte tout d' même. J'avions fait des douillons ; faut bien en profiter.
    Les visages s'éclairèrent à cette pensée. On se mit à causer à voix basse. La cour peu à peu s'emplissait ; les premiers venus disaient la nouvelle aux nouveaux arrivants. On chuchotait, I'idée de douillons égayant tout le monde.
    Les femmes entraient pour regarder le mourant. Elles se signaient auprès du lit, balbutiaient une prière, ressortaient. Les hommes, moins avides de ce spectacle, jetaient un coup d'œil de la fenêtre qu'on avait ouverte .
    Mme Chicot expliquait l'agonie :
    - V'là deux jours qu'il est comme ça, ni plus ni moins, ni plus haut ni plus bas. Dirait-on point une pompe qu'a pu d'iau?
    Quand tout le monde eut vu l'agonisant, on pensa à la collation, mais comme on était trop nombreux pour tenir dans la cuisine, on sortit la table devant la porte.
    Les quatre douzaines de douillons, dorés, appétissants, tiraient les yeux, disposés dans deux grands plats. Chacun avançait le bras pour prendre le sien, craignant qu'il n'y en eût pas assez. Mais il en resta quatre.
    Maître Chicot, la bouche pleine, prononça :
    - S'i nous véyait, I' pé, ça lui ferait deuil. C'est li qui les aimait d' son vivant.
    Un gros paysan jovial déclara :
    - I n'en mangera pu, à c't' heure. Chacun son tour.
    Cette réflexion, loin d'attrister les invités, sembla les réjouir C'était leur tour, à eux, de manier des boules.
    Mme Chicot, désolée de la dépense, allait sans cesse au cellier chercher du cidre. Les brocs se suivaient et se vidaient coup sur coup. On riait maintenant, on parlait fort, on commençait à crier comme on crie dans les repas.
    Tout à coup une vieille paysanne qui était restée près du moribond, retenue par une peur avide de cette chose qui lui arriverait bientôt à elle-même, apparut à la fenêtre et cria d'une voix aiguë :
    - Il a passé ! Il a passé !
    Chacun se tut. Les femmes se levèrent vivement pour aller voir.
    Il était mort, en effet. Il avait cessé de râler. Les hommes se regardaient, baissaient les yeux, mal à leur aise. On n'avait pas fini de mâcher les boules. Il avait mal choisi son moment, ce gredin-là.
    Les Chicot, maintenant, ne pleuraient plus. C'était fini, ils étaient tranquilles. Ils répétaient :
    - J' savions bien qu' ça n' pouvait point durer. Si seulement il avait pu s' décider c'te nuit, ça n'aurait point fait tout ce dérangement.
    N'importe, c'était fini. On l'enterrerait lundi, voilà tout, et on remangerait des douillons pour l'occasion. Les invités s'en allèrent en causant de la chose contents tout de même d'avoir vu ça et aussi d'avoir cassé une croûte.
    Et quand l'homme et la femme furent demeurés tout seuls, face à face, elle dit, la figure contractée par l'angoisse :
    - Faudra tout d' même r'cuire quatre douzaines de boules ! Si seulement il avait pu s' décider c'te nuit!
    Et le mari, plus résigné, répondit :
    - Ça n' serait pas à refaire tous les jours.

 

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 11:25

J.BOURIN

 

« Le grand feu » de Jeanne Bourin est un excellent roman qui se déroule au moyen âge. L’histoire commence à la fin du Xième siècle et nous fait pénétrer dans l’univers des artisans, notamment ceux des maîtres verriers et des brodeuses, dans le pays blésois. Toute l’effervescence de cette période est bien retransmise, le vocabulaire est précis sans être précieux. Aux côtés d’Isambour, l’héroïne principale, nous pénétrons la société féodale et partageons ses us et coutumes notamment la naissance de la courtoisie, les départs en croisades et surtout la vie quotidienne si riche, si belle, parfois si dramatique. Le monde des villes et des campagnes semble renaître sous nos yeux, au fil des mots. L’auteur maîtrise son sujet et, même si la trame de son récit est relativement classique, elle parvient à nous emporter avec elle jusqu’au point final. Une jolie occasion de s’évader de nos journées harassantes et toujours trop courtes.

 

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 10:47

C'est un poème en prose extrait du recueil "Le spleen de Paris". Avec "Le dormeur du Val" d'Arthur Rimbaud, il appartient aux textes poétiques qui ont marqué mon adolescence. J'aime l'histoire qu'il nous conte et j'avais envie de la partager avec vous, le temps d'une pause littéraire :

 

 

Je veux donner l’idée d’un divertissement innocent. Il y a si peu d’amusements qui ne soient pas coupables !

Quand vous sortirez le matin avec l’intention décidée de flâner sur les grandes routes, remplissez vos poches de petites inventions à un sol, — telles que le polichinelle plat mû par un seul fil, les forgerons qui battent l’enclume, le cavalier et son cheval dont la queue est un sifflet, — et le long des cabarets, au pied des arbres, faites-en hommage aux enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez. Vous verrez leurs yeux s’agrandir démesurément. D’abord ils n’oseront pas prendre ; ils douteront de leur bonheur. Puis leurs mains agripperont vivement le cadeau, et ils s’enfuiront comme font les chats qui vont manger loin de vous le morceau que vous leur avez donné, ayant appris à se défier de l’homme.

Sur une route, derrière la grille d’un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur d’un joli château frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et  frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie.

Le luxe, l’insouciance et le spectacle habituel de la richesse, rendent ces enfants-là si jolis, qu’on les croirait faits d’une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté.

À côté de lui, gisait sur l’herbe un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, doré, vêtu d’une robe pourpre, et couvert de plumets et de verroteries. Mais l’enfant ne s’occupait pas de son joujou préféré, et voici ce qu’il regardait :

De l’autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, fuligineux, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l’œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère.

À travers ces barreaux symboliques séparant deux mondes, la grande route et le château, l’enfant pauvre montrait à l’enfant riche son propre joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et inconnu. Or, ce joujou, que le petit souillon agaçait, agitait et secouait dans une boîte grillée, c’était un rat vivant ! Les parents, par économie sans doute, avaient tiré le joujou de la vie elle-même.

Et les deux enfants se riaient l’un à l’autre fraternellement, avec des dents d’une égale blancheur.

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 11:03

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Quatrième de couverture :

Des personnages devenus, le temps de ces treize nouvelles, des héros malgré eux. Leurs points communs ? Quels que soient leur âge, leur condition, ils sont à un tournant de leur vie qui les oblige à prendre en mains leur destin. Entre courage et résignation, chacun devra choisir et se confronter à son avenir. Mais tous subiront, pour le meilleur ou pour le pire, l’effet papillon qu’ils auront déclenché.

 

Je vous présente mon premier recueil de nouvelles. Sorti le 15 octobre 2011, il rencontre donc depuis quelques semaines ses premiers lecteurs et connait ses premiers succès.

 

Il est en vente aux éditions Jacques Flament dont voici le lien :http://www.jacquesflament-editions.com

 

Ci-dessous les premières critiques :

 

http://mda.xooit.com/t1930-LES-PAPILLONS-NOIRS.htm?start=30

 

http://eireann561.canalblog.com/archives/2011/11/27/22813985.html

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 14:47

 

QUATRIEME DE COUVERTURE : Il trahissait depuis près de vingt ans. L’Irlande qu’il aimait tant, sa lutte, ses parents, ses enfants, ses camarades, ses amis, moi. Il nous avait trahis. Chaque matin. Chaque soir…...

 

MA CRITIQUE : J'adore la quatrième de couverture. L'auteur connait son sujet, il a d'ailleurs obtenu le prix Albert Londres en partie grâce à ses articles sur l'Irlande du Nord. Il maîtrise l'art du récit d'un bout à l'autre. Son style est sobre, direct, viril avec quelques touches de poésie qui vous "prennent les tripes". Chalandon nous emmène à la rencontre de SON traître dans le Belfast des années 1970 et 1980 (c'est surtout cette période qui est présente, même si le livre se termine en 2007). L'auteur a choisi de faire parler un luthier français et on s'initie avec lui aux rites des pubs où se retrouvent les Catholiques irlandais de l'IRA. On entend le bruit des pintes de bière noire frappées entre les tables, les chants. On frémit, on tremble de peur dans les rues sombres tout en guettant les blindés anglais, on regrette les deuils, on aimerait participer mais on comprend très vite que contrairement aux Brigades internationales, ici, le combat doit être mené sans l'aide extérieure ou si peu... Ce n'est pas grave, on accepte les règles, on apprend à se méfier de sa propre ombre et puis finalement c'est celle de votre meilleur ami qui vous trahit. On pleure, on se demande pourquoi ? Comment ? Quelle position adopter ? On découvre qu'il est difficile d'accepter et encore plus dur de renier un amour. Bref, on en prend "plein la gueule"  et on ferme le bouquin avec des tas de questions qui vous plombent : y a-t-il des petites et des grandes trahisons ? Comment vivre avec ? etc. Je vous recommande cette lecture qui vous transportera dans une page d'histoire qui nous est un peu étrangère et dans une histoire tellement humaine.

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 10:18

Alain Emery semble se sentir bien avec nous, du coup il revient et nous offre un petit bonheur à déguster de suite et sans modération. Quelle chance ! Merci Alain !

 

 

Au début, il y a un banquet, calé sur la terrasse, des verres qu’on lève contre rires et boucans, et la nuit qui – comme toujours – vous rattrape. C’est à peine si on se voit. On accroche dans les arbres une lampe, elle attire autour d’elle une grêle de hannetons. On cherche la Grande Ourse. On refait du café. Aux épaules apparaissent quelques châles mais personne, pourtant, ne parle de rentrer. On grignote un morceau. On sort de vieux alcools, de ces cerises à l’eau de vie, qu’on gobe goulûment ; dont on crache le noyau dans le creux de sa main avant de le jeter, en riant, sur l’ombre la plus proche. Et puis, au beau milieu de tout, il y a ce regard. Qu’on croise et qu’on échange, pendant quelques secondes, avec le père, l’épouse, l’ami de longue date, avec celle ou celui dont l’âme passe, par miracle, au cœur même de la vôtre ; il y a ce regard aussi tendre qu’inattendu et le temps qu’on prend d’y glisser ces milliers de petites choses qu’on osera jamais dire. Ça pourrait ne durer qu’un instant si une fois vos yeux détachés des siens, tandis qu’au-dessus de vous le ciel est d’un noir immense, vous n’aviez à jamais le loisir d’en savourer la trace…

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 09:24

 

Qu’est-ce qui t’a amené à écrire ce recueil, les porcelaines ?


Je venais d’achever Gibiers de potence et je voulais changer d’univers, de versant. J’ai tourné un moment autour de cette idée de portraits. J’ai rassemblé les notes que j’avais là-dessus. Je voulais poser un éclairage différent sur quelques-uns de mes congénères un peu hors du commun. Le regard que l’on porte sur les gens qu’on croise – et qu’on croit parfois connaître – dépend à la fois de l’angle qu’on veut bien lui donner et de la lumière qu’on y consacre. Ce que je me suis efforcé de faire, c’est en quelque sorte de vivre au milieu d’eux, pour les comprendre sans les juger. Je ne sais pas si j’ai réussi ni même pourquoi je me suis lancé dans cette affaire. Ce que je sais, c’est qu’une fois ces portraits commencés, j’ai – comme pour la rédaction de Divines Antilopes – mis tout le reste entre parenthèse.


De laquelle de ces Porcelaines te sens-tu le plus proche ?


Je ne suis pas certain que je puisse me dire proche d’une de ces porcelaines, dans la mesure où aucune n’est un autoportrait (même s’il y a un peu de moi dans chacune) En revanche, j’ai une tendresse pour Un roi sur sa terrasse, parce que c’est la première que j’ai terminée, celle qui a tout déclenché, et qu’il me semblait au moment où je l’écrivais qu’elle ne serait jamais publiée. Le chemin qu’elle a fait depuis me comble.


L’ensemble est-il constitué avant tout de rencontres réelles ou imaginaires ?


Des rencontres réelles, mélangées et romancées. Mais si les personnages décrits ici sont parfois le résultat d’assemblages, de petits arrangements, leur vérité, le message qu’ils transportent est celui que j’ai reçu, celui qu’ils m’ont transmis. 


Est-ce qu’un portrait t’a donné « plus de fil à retordre » lors de l’écriture ?


Sotto Voce, peut-être, du point de vue de l’écriture, parce que je tenais à ce que les nuances des personnages soient tout à fait palpables. Deux autres porcelaines, Un roi sur sa terrasse et Revenir de si loin, ont été à leur manière des moments importants, pour les émotions qu’elles réveillaient et dont il a bien fallu s’accommoder… 


Es-tu un grand lecteur ?


Je crois qu’on peut dire ça. Je n’ai pas reçu d’éducation littéraire, je suis autodidacte et il m’a fallu rattraper un grand retard (qui n’est d’ailleurs pas comblé) J’ai lu et je lis beaucoup. Souvent plusieurs livres en même temps. Je relis aussi régulièrement. Je ne fais désormais confiance qu’à mon plaisir : je ne vais jamais au bout d’un livre qui m’ennuie. 


Y a-t-il une œuvre qui ne quitte jamais ta table de chevet ?


Deux, en fait. Noé, de Giono (je ne pars de toute façon nulle part sans un livre de Giono pour me tenir compagnie. C’est comme d’écouter Mozart). Et Baby Boom de Jean Vautrin, le meilleur recueil de nouvelles que je connaisse.


Ton dernier coup de cœur littéraire ?


Mettons ça au pluriel. Surtout pas de copinage là-dedans mais j’ai vraiment aimé les recueils de Sylvette Heurtel (Les contes déraisonnables), de Gaëlle Pingault (Ce qui nous lie) et de Sylvie Dubin (selon elles).  J’ajoute Les carnets cubains de Philippe Claudel, Les Oliviers du Négus de Laurent Gaudé, La gare levantine de Philippe Veyrunes, les inégalables nouvelles de John Cheever …

 

Merci Alain pour ce cadeau offert à tes lecteurs et à tous ceux qui ne te connaissent pas encore.

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 09:04

 

J'ai fini, il y a quelques jours, cet excellent recueil au goût inimitable, écrit par Alain Emery. Inimitable car l'homme a un style puissant, viril et sensible, une plume qui vous brosse des portraits comme personne et vous malmène, vous fait rêver, vous transporte sans jamais vous abandonner en route. Du premier au dernier mot, le voyage ne déçoit pas, les rencontres sont variées, belles et enrichissantes. Un roi sur sa terrasse est le premier texte à vous prendre par la main, moi, j'ai su aussitôt que cette main, je'm'y accrocherai jusqu'à la fin. J'ai adoré l'Atalante aussi qui m'a fait penser à la môme Piaf (même s'il ne s'agit pas d'elle) dans ses jeunes années. J'ai relu plusieurs fois Torpédo, pour l'humour, la justesse de chacun des traits. Je crois que chaque lecteur trouvera son bonheur au fil des pages et gardera longtemps sur sa table de chevet ce recueil unique. Je pourrais chanter ses louanges encore longtemps mais je crois que le mieux est de vous laisser découvrir l'interview qui suit. L'auteur s'y livre, nous parle de son travail, de ses lectures puis il ne vous restera plus qu'à cliquer ici :

 

http://www.jacquesflament-editions.com/

 

 

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 11:14

heurtel

 

Les contes déraisonnables de Sylvette Heurtel  tiennent leurs promesses et vous emmènent aux portes de la folie, de la solitude, vous font partager des rencontres uniques. On s’égare avec plaisir dans les méandres de l’âme humaine et des sentiments. L’aspect le plus déraisonnable de ce recueil ? Chacun de nous prend conscience qu’il vit avec ses propres fantômes, leur parle lorsqu’ils viennent lui tenir compagnie, hantent ses pensées avec délice ou cruauté. L’écriture est toujours riche de trouvailles, enlevée et encore plus puissante que dans les contes malpolis. Les descriptions sont pleines de poésie, les lieux et personnages sont omniprésents. Une fois le livre refermé, ces ombres-là ne vous quitteront pas immédiatement, pour votre plus grand bonheur. Bref, j’ai adoré et l’idée qui m’a le plus séduite est celle-ci : plusieurs de ces héros sont liés par un lien familial, un lieu. Tous ne se connaissent pas, pourtant on devine qu’ils ont pu se croiser. N’attendez plus, plongez dans ces nouvelles au goût de sel qui vous emmèneront au gré des vents vers des moments pleins de charme.  

 

Voici l'adresse où commander ce recueil unique, illustré par Alain Créach : 

 

http://editionsdesabbayes.blogspot.com/

 

 

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DEDICACES

- 2 juin 2013 à La Pierre (38)

- 7 juillet 2013 à St Pancrasse (38)

- 18 août 2013 à Allevard (38)

- 13 octobre 2013 à La Buissières (38)

 

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