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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 19:59

Je vous propose un autre importun, celui de Beñat Laneguine (alias Canardo, pour certains lecteurs). Et, je vois certains d'entre vous se dire : "Décidément, quelques uns n'ont pas de chance !" Mais, comme cela nous procure de jolis textes, nous en redemandons et crions "Vives les trouble-fêtes" ! D'ailleurs, mon petit doigt me dit que celui-ci ne laissera personne indifférent...

 

 

Assise depuis quelques minutes sur le fauteuil en cuir du salon, je rêve, sereine, un livre ouvert sur mes genoux. La saga des Rougon-Macquart, débutée cet été, touche à sa fin et à celle de Pascal, le dernier de la famille. Je me pénètre de la douceur du feu crépitant dans l’âtre de la cheminée, j’admire les hortensias que j’ai fait séché, je jouis du calme et du silence. Dehors, les premiers flocons de l’hiver tombent sur le sol gelé.
Puis soudain, je croise son regard. Ses yeux verts me fixent, je ne détourne pas les miens, attirée par son insistance. Je jette un nouveau coup d’œil vers l’inopportun. Il n’a pas bougé, il insiste sans complexe.
Je me focalise sur cet impertinent – ah la blague ! - mais je saisis mon roman, en parcours quelques lignes, Pascal Rougon butine sa nièce. Malgré moi, je relève la tête. L’impudent est toujours là, à m’observer, inquisiteur ! Mais c’est mon fauteuil, et je ne bougerai pas. Il m’amuse et ne gâche pas mon plaisir. Je me lève et m’en vais préparer un café. Ce sans-gêne a réussi à me chasser de ce havre de paix cet été, mais l’automne est passé par là et José aussi.
Sur le coussin qu’il m’avait volé, le chat de mes voisins y repose tranquillement maintenant. Je n’attends pas une minute pour vous dire avec satisfaction que José est taxidermiste, empailleur pour être plus claire. Face au miroir, il me semble voir étinceler, au fond de mes prunelles, une lueur de victoire.

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19 août 2012 7 19 /08 /août /2012 20:26

Je suis contente de vous présenter une amie nouvelliste qui nous fait l'honneur de sa présence en nous offrant un texte adorable sur le thème de l'été. La chute est savoureuse et laisse flotter un léger sourire sur le lecteur alangui par la canicule. Merci Armorique. Je laisse la place à tes mots... 

 

L’importun

 

Assise depuis quelques minutes sur le fauteuil en fer forgé sous la tonnelle du jardin, je rêve, sereine, un livre ouvert sur mes genoux. Je me pénètre de la douceur du temps, j’admire les hortensias en pleine floraison, je jouis du calme et du silence.

Puis soudain, je croise son regard. Ses yeux verts me fixent, je détourne les miens, gênée par son insistance. Je jette un nouveau coup d’œil vers l’importun. Il n’a pas bougé, il insiste sans complexe.

Je ne dois pas me focaliser sur cet impertinent, aussi je saisis mon roman, en parcours quelques lignes. Malgré moi, je relève la tête. L’impudent est toujours là, à m’observer, inquisiteur ! Il m’agace et gâche mon plaisir. Je préfère me lever et m’en retourner à l’intérieur. Ce sans-gêne a réussi à me chasser de ce havre de paix.

 

Sur le coussin que je viens de quitter, le chat de mes voisins n’a pas attendu une minute pour se lover avec satisfaction. Il me semble voir étinceler, au fond de ses prunelles, une lueur de triomphe.

 

Il gagne chaque fois, j’ai peur des chats !

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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 17:15

Est-il possible que Monsieur de la Fontaine ait commis une erreur ? Les bras m'en tombent. Heureusement, Jean-Paul Lamy est là pour lever le voile et nous offrir une version revisitée ou plutôt devrais-je dire "corrigée" ! Une chose est certaine, ses admirateurs vont être contents de retrouver notre nouvelliste-poète-conteur, et de dévorer quelques lignes truculentes ! Je vous laisse donc en bonne compagnie :

 

Passant par là, je vois qu’il est question de fourmi, de cigale, de Monsieur de La Fontaine… Ce monsieur devait parler très mal le fourmi et le cigale car il a tout compris de travers.

Personnellement, j’ai longuement vécu dans une fourmilière (chez des pures et dures : des Rouges). J’ai aussi été prédicateur chez les Cigales (« donnez-nous notre pin quotidien »).

Alors, les querelles entre la Cigale et la Fourmi, sans vouloir me vanter, je connais et je peux dire que ce n’était pas la Cigale qui était demandeuse mais bien tout le contraire !

Enfin, jugez plutôt !

 

 

            La Fourmi et la Cigale

 

La Fourmi, ayant fait des tas de provisions

Tout au long des longs jours de la belle saison,

Se retrouve, ma foi, toute déboussolée

Quand arrive le temps des premières gelées,

Qu’elle a remis des bas, rangé ses espadrilles :

Plus la moindre chanson et plus le moindre trille

Ne montent dans le ciel pour l’égayer un brin.

Alors, sans plus tarder, la voilà en chemin…

 

Fort inquiète, elle appelle l’Hirondell(e) du faubourg

Qui la faisait pourtant bien trembler l’autre jour.

L’oiseau ne répond point, il a changé d’adresse,

Il est sous d’autres cieux et fait bronzer ses fesses.

Quant à la Pie voleuse, après bien des forfaits,

Elle purge sa peine dans un mitard miteux.

La gentille Alouette, toute saucissonnée,

En a perdu la tête et cuit à petit feu.

 

Le gai Pinson a fui et le Merle moqueur

N’a plus de calembours à lui dire à cette heure.

Rouge-Gorge est aphone car une angine blanche

Le retient dans son nid buvant des grogs bien chauds.

le Rossignol n’est plus perché sur une branche

Régalant l’assistance avec ses trémolos.

Pivert s’en est allé : à quoi servirait donc

Que, se retrouvant seul, il fût aux percussions ?

 

« Va donc voir le Coucou ! » lui souffle sa raison,

Le vent du Nord répond : « Ce n’est pas la saison. »

En désespoir de cause, elle cherche un piolet

Pour aller voir Corbeau, en-haut de son clocher.

Elle déteste sa voix, honnit son répertoire :

Du blues, toujours du blues, ça donne le cafard,

Mais, s’il n’y a que lui pour pousser la romance,

Ce sera toujours mieux que l’horrible silence.

 

Mais Monsieur du Corbeau déguste un camembert,

Il refuse tout net de lui chanter un air,

Il a le souvenir de l’aventure ancienne

D’un jour où il voulut chanter, la bouche pleine.

La Fourmi s’en retourne, tout à son désespoir,

Et rencontre Cigale en route vers la foire.

« Cigal(e), jolie Cigale ! Joue-moi de la musique,

Ce silence automnal me rend neurasthénique.

 

Je suis prête à payer pour tout un récital

Si je peux, grâce à toi, retrouver le moral. »

« Je ne suis pas de celles qui courent le cachet,

Lui répond la Cigale, je chante pour donner

Aux autres de la joie, pour dire le plaisir

De rester au soleil quand souffle le zéphyr.

Mais que faisais-tu donc en juillet ou en août ? »

« J’amassais pour l’hiver en suant à grosses gouttes. »

 

« Il fallait partager nos rires et nos chansons !

Le cœur plein de silence, la panse plein(e), va donc

Te terrer dans ton trou, attendre le trépas…

Quand s’en ira le froid, quand l’été reviendra,

La Chorale des Champs, l’Orchestre des Garrigues

Interprèt(e)ront pour toi, tout en dansant la gigue,

Un poignant requiem pour une travailleuse

Qui se tuait au boulot mais enviait les chanteuses. »

 

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5 août 2012 7 05 /08 /août /2012 10:34

Je suis contente que Christine ait poussé la porte de ce blog pour nous offrir un texte à la fois frais et léger qui fera naître de doux sourires et briller vos yeux amusés. Plus connue pour ses poèmes et les prix qu'elle ramasse à la pelle dans les concours, cette gente dame manie aussi la prose et compose des nouvelles dont on ne se lasse pas. Merci Christine. Quant à moi, je vous laisse déguster ces quelques lignes et je devine les "encore" qui frôleront vos lèvres sitôt la lecture finie...

 

 

Tout à coup, je sens un frôlement sur le bout de mes doigts, j’entrouvre un œil paresseux : une guêpe audacieuse s’est posée sur le carré de chocolat serré mollement entre mon pouce et mon index. Mes jurons haddockiens et mes grands gestes n’éloignent l’exploratrice piqueuse qu’une seconde. Ni mes cris, ni mes paroles agressives ne l’effraient. Elle met autant de hargne à fondre sur mon chocolat qu’un kamikaze japonais lors de l’attaque de Pearl Harbor. Enfin, elle disparaît de ma vue.

            Je retombe dans une somnolence d’après-midi en soupirant d’aise, après avoir croqué la friandise. Hélas, voilà qu’une cigale, installée dans la glycine, frotte frénétiquement ses cymbales l’une contre l’autre et dérange ma sieste. Va-t-elle se taire la joyeuse luronne? A-t-elle lu Monsieur de La Fontaine pour exprimer sa satisfaction de manière aussi désagréable? Je m’agite sur mon transat. Alors que tout le village sommeille, pourquoi avoir choisi ma terrasse? Pourquoi ne pas te percher sur l’un des chênes verts qui couvrent la colline, insecte malfaisant? Je suis persécutée, je n’en peux plus…et maudis sa commère la fourmi qui parcourt mon bras à toute vitesse; ça me chatouille, ça me gratouille, le monde animal m’en veut!

            Ah ! La paix estivale est de retour, je m’enfonce dans un océan de béatitude rêveuse jusqu’à ce que des bêlements et des tintements de clochettes me ramènent à la surface. Si le troupeau de brebis s’y met aussi! Et des pierres roulent sous des chaussures de randonnée, des voix s’interpellent en parlant haut et fort. Cette fois, c’est un troupeau d’humains, rouges et suant, qui descend le sentier à cette heure indue. Tant pis, j’irai finir la sieste dans mon lit!

 

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- 2 juin 2013 à La Pierre (38)

- 7 juillet 2013 à St Pancrasse (38)

- 18 août 2013 à Allevard (38)

- 13 octobre 2013 à La Buissières (38)

 

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