Je suis contente de vous présenter une amie nouvelliste qui nous fait l'honneur de sa présence en nous offrant un texte adorable sur le thème de l'été. La chute est savoureuse et laisse flotter un léger sourire sur le lecteur alangui par la canicule. Merci Armorique. Je laisse la place à tes mots...
L’importun
Assise depuis quelques minutes sur le fauteuil en fer forgé sous la tonnelle du jardin, je rêve, sereine, un livre ouvert sur mes genoux. Je me pénètre de la douceur du temps, j’admire les hortensias en pleine floraison, je jouis du calme et du silence.
Puis soudain, je croise son regard. Ses yeux verts me fixent, je détourne les miens, gênée par son insistance. Je jette un nouveau coup d’œil vers l’importun. Il n’a pas bougé, il insiste sans complexe.
Je ne dois pas me focaliser sur cet impertinent, aussi je saisis mon roman, en parcours quelques lignes. Malgré moi, je relève la tête. L’impudent est toujours là, à m’observer, inquisiteur ! Il m’agace et gâche mon plaisir. Je préfère me lever et m’en retourner à l’intérieur. Ce sans-gêne a réussi à me chasser de ce havre de paix.
Sur le coussin que je viens de quitter, le chat de mes voisins n’a pas attendu une minute pour se lover avec satisfaction. Il me semble voir étinceler, au fond de ses prunelles, une lueur de triomphe.
Il gagne chaque fois, j’ai peur des chats !